Avec la transition énergétique qui s’accélère, le gouvernement français resserre davantage sa politique fiscale visant les voitures les plus émettrices de CO₂. Dès le 1er mars 2025, les taxes sur les véhicules thermiques connaissent un durcissement notable, impactant aussi bien les acheteurs particuliers que les entreprises. Alors que les aides à l’achat des véhicules électriques s’effacent progressivement, une nouvelle ère de taxation dissuasive s’installe. Cette évolution affecte profondément les comportements d’achat, modifie les stratégies des constructeurs comme Renault, Peugeot, Citroën, Dacia, Toyota, Volkswagen, BMW, Mercedes-Benz ou encore Fiat, et redéfinit le paysage économique et environnemental de l’automobile en France.
Les mécanismes renforcés du malus écologique et leur impact sur les ventes de voitures thermiques
Depuis plusieurs années, la fiscalité verte s’est imposée comme un levier incontournable pour orienter les choix des consommateurs vers des voitures moins polluantes. En 2025, cette politique monte d’un cran : le seuil d’émission de CO₂ au-delà duquel s’applique le malus écologique est abaissé à 113 g/km, contre 118 g/km l’année précédente. Cette tendance à la baisse se poursuivra jusqu’à atteindre 103 g/km d’ici 2027. Parallèlement, le plafond du malus subit une hausse considérable, passant à 70 000 euros dès mars 2025, et suivant une progression annuelle de 10 000 euros, pour atteindre 90 000 euros en 2027.
Ce durcissement tarifaire a des répercussions immédiates sur le marché automobile français. De nombreux modèles grand public, auparavant exemptés ou faiblement taxés, deviennent désormais très coûteux à l’achat à cause du malus. Citons par exemple la Peugeot 208 équipée de son moteur essence PureTech 100 ch qui émet environ 116 g/km. La proportion des versions qui seront désormais taxées grimpe spectaculairement, passant de 13 % à 44 %. De même, la Dacia Sandero voit sa part affectée passer de 62 % à 88 % de véhicules assujettis à la surtaxe, et de nombreux modèles comme la Renault Clio TCe 90 (114 g/km) subissent le même sort. Ces contraintes fiscales impliquent un surcoût direct à l’achat pouvant dépasser plusieurs centaines, voire milliers d’euros suivant les motorisations.
Ces mesures entraînent également une modification importante du seuil de poids pris en compte dans le calcul du malus. Dès 2026, le plancher sera abaissé à 1 500 kg. Pour chaque kilogramme au-dessus de cette limite, une taxe de 10 euros supplémentaires sera exigée, ce qui touche particulièrement les SUV et voitures familiales, souvent plus lourds. Renault est par exemple concerné avec certains modèles comme le Captur, dont le malus pourrait atteindre près de 1 900 euros selon des calculs réalisés par Mobilians. Peugeot ressentira aussi cette pression avec le 2008, dont la surtaxe moyenne serait majorée de 72 % par rapport à 2024, ce qui implique une somme proche de 650 euros en 2025.
Ces évolutions fiscales poursuivent ainsi un double objectif : rendre moins accessibles les véhicules polluants et, dans le même temps, stimuler la demande pour des alternatives plus propres et efficaces.
Évolution des politiques d’aide à l’achat : la fin des subventions pour les véhicules électriques ?
En parallèle de l’alourdissement des taxes sur les voitures thermiques, l’État met un point d’arrêt progressif aux aides financières dédiées aux véhicules électriques. Cette stratégie marque la fin d’une phase où la fiscalité favorisait nettement ces dernières à travers diverses primes et bonus écologiques. Les raisons sont multiples : tension budgétaire, besoins de rééquilibrage sur le parc automobile, et volonté d’inciter les constructeurs à accélérer naturellement la transition énergétique.
Ce retrait des incitations modifie profondément la dynamique du marché. Les constructeurs français Renault, Peugeot, Citroën, DS Automobiles, et Dacia qui ont largement investi dans les voitures électriques voient leurs modèles perdre une partie de l’attractivité que leur conférait auparavant le soutien public. Pour les consommateurs, l’absence de bonus réduit l’écart de prix entre voitures à thermique, désormais lourdement taxées, et électriques, souvent encore plus onéreuses à l’achat.
Pour illustrer cette tendance, la Renault Zoé peine désormais à maintenir un volume de ventes comparable aux années précédentes. Le segment électrique, bien qu’en croissance globale, se heurte à la difficulté d’atteindre la rentabilité pour le grand public sans subventions. En réaction, les marques allemandes telles que BMW, Mercedes-Benz et Volkswagen ajustent leurs offres en proposant des modèles hybrides rechargeables et électriques plus abordables ou dotés de nouvelles technologies pour réduire leur coût et séduire les consommateurs.
Cette mutation pousse aussi les distributeurs et concessionnaires à réorienter leur stratégie commerciale : focus accru sur les véhicules hybrides, amélioration des services liés à la mobilité durable, comme le leasing ou les offres de partage de voitures, ainsi que le développement de solutions de financement adaptées.
Les effets des nouvelles taxes sur les constructeurs automobiles et leurs choix stratégiques
Les contraintes fiscales qui s’intensifient autour des émissions de CO₂ modèlent fortement le comportement des fabricants automobiles. Renault, Peugeot, Citroën, DS Automobiles, Dacia, Toyota, Volkswagen, BMW, Mercedes-Benz et Fiat ajustent leurs stratégies en intégrant ces nouvelles règles pour préserver leur compétitivité sur le marché français et européen.
Face au durcissement des seuils et à l’alourdissement des malus, les groupes multiplient les investissements dans les nouvelles motorisations, tout en développant des modèles hybrides plus performants et électriques à prix plus contenu. Par exemple, Peugeot élargit sa gamme hybride rechargeable avec des versions plus accessibles sur des modèles populaires comme le 308 et le 2008. De son côté, Renault renforce son offre électrique avec des nouveautés sur le segment des citadines et des compactes, en espérant compenser la baisse des aides étatiques par un attrait technologique et écologique accru.
Les marques allemandes telles que BMW, Mercedes-Benz et Volkswagen se positionnent quant à elles sur le segment premium et les SUV hybrides rechargeables, un compromis entre performance, confort et respect environnemental nécessaire face aux nouvelles taxes progressives.
Dans ce contexte, Fiat tente de se réinventer en diversifiant ses modèles avec plus de motorisations hybrides et en adaptant ses véhicules aux normes européennes renforcées, tout en cherchant à répondre à la demande grandissante pour des alternatives moins polluantes.
Cette nouvelle donne fiscale agit aussi comme un facteur de consolidation. Certains constructeurs envisagent des partenariats renforcés, voire des coopérations technologiques, pour baisser le coût des investissements liés à l’électrification et répondre plus efficacement aux attentes réglementaires et des consommateurs. De nombreuses recherches sont par exemple menées sur l’optimisation des batteries, la réduction du poids des véhicules ou des innovations dans les moteurs thermiques pour réduire leurs émissions.